Protoxyde d’azote : une nouvelle campagne de sensibilisation créée par des détenus et artistes du Nord-Pas-de-Calais

Face à la banalisation de la consommation du protoxyde d’azote, l’association Hauts-de-France Addictions lance une nouvelle campagne de prévention, principalement à destination des jeunes. Une campagne spéciale, puisqu’elle est le fruit d’une collaboration entre des artistes et détenus.

Alors que l’usage du protoxyde d’azote se démocratise, particulièrement chez les jeunes, l’association Hauts-de-France Addictions vient de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation, baptisée Prototips, contre la consommation de cette substance, aussi appelée gaz hilarant. Rappelons que depuis une dizaine d’années maintenant, le protoxyde d’azote est utilisé de manière détournée pour ses propriétés euphorisantes.

“On est passé d’un usage récréation à un usage banalisé”

Ce gaz, que l’on inhale avec un ballon, est vendu principalement sous la forme de petites cartouches et on le trouve de plus en plus en grosses bonbonnes. C’est ça qui a poussé l’association à prendre à se saisir du problème. “Le point de départ du projet a été de réaliser que les contenants devenaient de plus en plus importants, raconte Isabelle Chatelain, chargée de mission au sein de Hauts-de-France Addictions. On est passé d’un usage récréation à un usage banalisé et qui devient potentiellement très dangereux pour les personnes.”

Hauts-de-France Addictions décide donc de lancer une campagne de prévention, mais avec une démarche particulière : elle va s’appuyer sur l’expérience de personnes détenues. “Nous étions sûrs de toucher une population qui avait ou expérimenté ou consommé du protoxyde d’azote”, reprend Isabelle Chatelain, “donc, on était sûrs de ne pas se tromper ou a minima d’être, si ce n’est vrai, d’avoir un discours qui résonne auprès des personnes qui vivent avec ce produit-là.

Des BD créées avec l’aide de détenus volontaires

Des ateliers sont donc organisés avec des détenus volontaires au centre pénitentiaire d’Annœullin, dans la métropole lilloise. Objectif numéro un : créer quatre bandes dessinées et un flyer. Chaque détenu donne ses idées, raconte son vécu, pour faire naitre des histoires. Tout ça avec l’aide de Céline Lefèvre, autrice et scénariste.

“Il y a par exemple une BD qui raconte une soirée entre filles. Celle qui organise son anniversaire dit qu’elle a ramené du proto, et en propose aux autres en disant que c’est pas cher et sans effet secondaire. Mais le lendemain, il y en a une qui a des aphtes, l’autre qui a les cuisses brulées, une qui a des nausées, et une autre dont le mec a eu des troubles de l’érection, donc elle a passé une super mauvaise soirée”, raconte-t-elle.

Toutes les BD, une fois ébauchées, sont finalement remises en forme et en couleurs par l’illustratrice indépendante Liiame Surmont.

Un morceau de rap

Objectif numéro deux du projet : créer un morceau de rap. Et là, c’est l’artiste Ismaël Métis qui est aux commandes. “J’ai demandé aux détenus qu’ils écrivent d’abord atour du protoxyde d’azote, leur rapport à ça, ce qu’ils voulaient voir dans un morceau. Ensuite je suis allé les rencontrer pour en discuter avec eux, prendre plein de notes. Et je suis rentré chez moi, j’ai écrit une chanson et je leur ai proposé. Ils ont corrigé et modifié avant de valider.”

Dans la foulée, Ismaël Métis enregistre en studio ce morceau qui s’intitule B-12, du nom de la vitamine qui inactive le protoxyde d’azote et que certains consommateurs prennent en même temps que le gaz pour tenter d’en limiter les risques. “C’est un morceau qui raconte l’histoire d’un jeune qui consomme du protoxyde, qui fait des ballons comme on dit. Sauf qu’il lui arrive des bricoles évidemment. Il s’en retrouve handicapé, et c’est le cas justement d’un des auteurs, d’un des détenus, qui est aujourd’hui en fauteuil roulant à cause du protoxyde d’azote”.

Cette chanson ainsi que les quatre bandes dessinées et le flyer sont d’ores et déjà à disposition des associations ou centre sociaux qui souhaiteraient informer davantage sur cette thématique. “Si on sauve une personne, c’est la folie, assure Ismaël Métis. Évidemment, on va essayer d’en sauver plein, ou au moins d’en informer plein, et de les aider. En tout cas, c’est pour ça qu’on le fait…”

Lien vers l’article : Protoxyde d’azote : une nouvelle campagne de sensibilisation créée par des détenus et artistes du Nord-Pas-de-Calais – France Bleu

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