Au CHU de Lille, un collectif de médecins « tire un signal d’alarme » face au protoxyde d’azot

Le CHU de Lille se mobilise pour lutter contre la consommation de protoxyde d’azote. Un collectif de médecins travaille sur ce phénomène depuis le mois de mai 2021. Ce gaz, en vente libre, est inhalé par les jeunes pour ses effets euphorisants. Mais les conséquences peuvent être graves. Attention, le protoxyde d’azote n’est pas un produit anodin. Le CHU de Lille met en garde les jeunes qui inhalent ce gaz contenu dans des capsules argentées ou des bombonnes colorées, et qui sert habituellement en cuisine, pour les syphons à chantilly. Il est très en vogue car il provoque quelques minutes d’euphorie, et fait « planer ». Mais ce gaz dit hilarant n’a rien d’une plaisanterie. Un collectif a été créé, au printemps 2021 au CHU, regroupant une vingtaine de médecins de spécialités différentes. Son rôle : mieux prendre en charge les patients qui arrivent avec des atteintes de la moëlle épinière, et faire avancer la recherche sur ce phénomène récent. Le nombre de cas graves pris en charge au CHU de Lille est passé de 15 en 2019 à une cinquantaine aujourd’hui. Fourmillements, troubles de l’équilibre, voire paralysie. Guillaume Grzych, biochimiste métabolicien au CHU de Lille, tient à rappeler la réalité : « dans l’imaginaire collectif, on a l’impression que c’est très inoffensif, et que ça permet juste de faire la fête. Mais malheureusement, il y a des conséquences cliniques, même pour des patients qui consomment très peu : pertes de l’équilibre qui vont jusqu’à la paralysie. Ces troubles peuvent parfois être irréversibles, et on a des jeunes qui ont fini en fauteuil roulant ».

Au CHU de Lille, trois à quatre cas graves sont signalés chaque semaine. Récemment les médecins ont constaté une nouvelle conséquence possible de la consommation de protoxyde : des thromboses, des caillots de sang dans l’organisme, potentiellement mortels.

 

Sylvie Deheul, addictologue, fait partie de ce collectif de médecins. Elle constate également des mécanismes d’addiction, exactement comme pour les stupéfiants. « Il faut se méfier de ce produit », assure-t-elle, « il y a des effets qui se mettent en place, et qu’on ne voit pas tout de suite, que ce soient les atteintes neurologiques, ou l’addiction, avec des gens en difficulté par rapport à cette consommation. On tire le signal d’alarme, parce qu’on voit de plus en plus de complications. »

Protoxyde vegan – Le problème, c’est que le protoxyde d’azote est en vente libre, à l’exception de la vente aux mineurs, interdite depuis une loi récente. Certains n’hésitent pas à développer ce marché lucratif, sur internet, en vendant des bombonnes qui font jusqu’à quatre kilos, avec un marketing particulièrement tourné vers les jeunes. Sur les étiquettes sont même écrites les mentions « vegan » ou « halal ». Avec parfois des opérations promotionnelles comme le Black Friday. De la drogue en soldes. La question du classement du protoxyde d’azote dans la liste des produits stupéfiants est clairement posée aujourd’hui.

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