Marqueurs biologiques et impact métabolique de la consommation de protoxyde d’azote

Guillaume Grzych 1, Sylvie Deheul 2, Jean-Baptiste Davion 3, Fanny Lemonnier 1, Dries Dobbelaere 4, Louise Carton 5, Isabelle Kim 1, Jean Claude Guichard 6, Marie Girot 3, Linda Humbert 7, Audrey Joly 8, Claire Douillard 7, Céline Tard 3

Annales de biologie clinique, Volume 80, numéro 3, Mai-Juin 2022

Le protoxyde d’azote (N2O), appelé « gaz hilarant » ou encore « proto », est initialement utilisé dans le domaine médical pour son action analgésiante et dans l’industrie comme gaz propulseur ou comburant. Son usage a cependant été détourné à des fins récréatives via son inhalation sous la forme de cartouches ou de bonbonnes. On observe, depuis 2018, une augmentation de cet usage, notamment chez les
18-25 ans (rapport ANSES 2019). Les régions Hauts-de-France et Île-de-France sont les plus touchées. Alors que cette consommation était plutôt observée dans les milieux festifs, aujourd’hui sont rapportés de nombreux cas d’utilisations répétées voire quotidiennes, chez certains jeunes au long cours et en grandes quantités. Malgré un changement
de législation en 2021 interdisant la vente aux mineurs, la consommation chez les jeunes ne semblent pas diminuer à cause de la facilité d’accès par la vente en ligne et également le développement de filière de revente sur les réseaux sociaux. En effet, ce gaz est en vente libre notamment sur Internet (amazon.fr ou encore https://partygas24.nl), il est
« discret » (pas d’odeur, ni d’effets physiques caractéristiques), son action est rapide et les usagers estiment ses effets bénins. Pourtant, il existe une toxicité réelle liée à l’usage chronique du N2O entraînant des troubles neurologiques dont la sclérose combinée de la moelle [3]. On observe ainsi fréquemment des patients présentant des troubles de la marche ou encore des paresthésies, d’évolution plus ou moins
résolutive pouvant aller jusqu’à un handicap moteur invalidant. Certains rapports ont également décrit l’apparition de troubles psychiques lié à une consommation de N2O. Les dosages du N2O sérique ou urinaire ne sont pas réalisés en routine, car ils ne permettent pas de s’assurer d’une réelle exposition de par la demi-vie très courte de ce gaz dans
l’organisme. Devant l’augmentation des hospitalisations pour troubles liées à la consommation chronique de N2O, il est nécessaire de s’orienter vers d’autres marqueurs biologiques et en particulier certains marqueurs métaboliques.

Lien vers l’article : https://www.jle.com/fr/revues/abc/e-docs/marqueurs_biologiques_et_impact_metabolique_de_la_consommation_chronique_de_protoxyde_dazote_322646/article.phtml

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